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Garçons et filles ont des comportements très différents en arts plastiques

Le professeur Alain Savoie poursuit actuellement son étude visant à observer les comportements et la motivation de garçons et de filles en arts plastiques au niveau secondaire.
Le professeur Alain Savoie poursuit actuellement son étude visant à observer les comportements et la motivation de garçons et de filles en arts plastiques au niveau secondaire.

Photo : Michel Caron

2 juillet 2009

François Parenteau

La réussite scolaire des garçons représente un grand enjeu. Plusieurs études démontrent que les garçons éprouvent plus de difficultés d'apprentissage que les filles. Par exemple, en arts plastiques, les garçons ressentent souvent moins d'intérêt. Dans cette optique, le professeur Alain Savoie, du Département d'enseignement au préscolaire et au primaire, a commencé en 2007 une étude de type exploratoire visant à observer les comportements et la motivation de garçons et de filles du primaire en arts plastiques.

«On a proposé à des élèves de 3e année du primaire de la région de Montréal une situation d'apprentissage suivant le programme du ministère de l'Éducation du Québec, puis on a observé leurs comportements et évalué leur motivation», dit le chercheur de la Faculté d'éducation.

Des sculptures en fils métalliques

Quatre garçons et quatre filles de 3e année, séparés en équipes de deux élèves de même sexe, ont créé, à l'aide de fils en métal, des sculptures en trois dimensions qui devaient représenter un sportif en action. Les élèves se sont inspirés des oeuvres du sculpteur américain Alexander Calder pour cette activité. Au moment de visualiser leur oeuvre à produire et de s'exprimer verbalement sur cette dernière, les garçons et les filles prenaient déjà des voies différentes.

«Les garçons s'exprimaient très librement sur ce qu'ils voulaient créer. Ils parlaient beaucoup et voulaient sculpter des sportifs très complexes, raconte Alain Savoie. Du côté des filles, on a éprouvé de la difficulté à les faire s'exprimer sur leur visualisation. Elles s'identifiaient beaucoup moins aux sportifs que les garçons, pour qui les sportifs étaient des héros et des modèles à suivre. Peut-être que si l'on avait choisi un autre thème moins masculin, les garçons s'y seraient moins identifiés à leur tour, mais nous avions délibérément choisi un thème masculin qui pourrait rejoindre les garçons», explique-t-il.

«Au final, les créations des filles étaient réalistes et ressemblaient toutes à des êtres humains, tandis que celles des garçons étaient plus abstraites et liées à l'action, dit le professeur Savoie. L'imagination débordante exprimée verbalement par les garçons semble avoir eu du mal à se concrétiser dans une œuvre.»

Des filles empathiques, des garçons systémiques

Selon le cadre théorique sur lequel repose l'étude, les filles auraient un côté empathique plus développé, et les garçons seraient plus systémiques. «Comme ce type de théorie fonctionne par statistiques, on ne peut pas en déduire que tous les garçons et toutes les filles sont pareils. La moyenne aurait cette dominance, tandis que plusieurs personnes peuvent avoir les deux», prévient Alain Savoie.

«Si l'on simplifie beaucoup la théorie, les garçons seraient plus intéressés aux objets et à la mécanique. Du côté des filles, elles seraient plus orientées vers l'humain, leur donnant par exemple des habiletés pour la reconnaissance des visages et la détection des émotions chez les autres. D'ailleurs, les créations des élèves suggèrent fortement ces tendances, et les mots utilisés par les élèves pour les décrire sont très révélateurs. Les garçons ont décrit leurs œuvres avec des mots d'action comme «tomber», «se coucher par terre» et «s'arrêter», tandis que les filles ont utilisé des mots reliés aux émotions comme «gentil», «triste» et «timide», précise-t-il.

Compétition, spontanéité et motivation

«Quand les filles travaillent en équipe, elles coopèrent et s'entraident beaucoup, tandis que les garçons, surtout deux par deux, sont plus indépendants, mentionne-t-il. On a senti chez eux un esprit de compétition plutôt qu'un esprit de coopération. En raison de cela, les créations des filles étaient très semblables, alors que celles des garçons étaient très différentes.»

Selon le chercheur, les garçons ont utilisé une approche erratique et spontanée, tout le contraire de celle des filles. «Ils étaient impulsifs et travaillaient très rapidement. Quand ça ne fonctionnait pas, ils recommençaient. Tous voulaient finir en même temps. Quant aux filles, elles ont adopté une attitude plus réfléchie. Avant de s'attaquer à la création, elles ont bien visualisé toutes ses composantes. Elles fonctionnaient moins par essai-erreur et prenaient le temps de finir à leur propre rythme», explique Alain Savoie.

«De plus, les filles et les garçons ont exprimé autant de motivation, sauf que les garçons accordaient beaucoup plus d'importance au fait de se faire remarquer par leurs amis et de pouvoir prouver leur intelligence pour se motiver», ajoute-t-il.

Au tour du secondaire

Après avoir constaté les différences dans la pratique, le professeur Savoie poursuit maintenant cette même étude auprès d'élèves d'écoles secondaires en Estrie, par le biais d'une enquête par questionnaires.